Critique de la série Succession

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Par Super Seven

le 02/06/2022

La critique ci-dessous se focalise essentiellement sur la troisième saison de la série.


« C’est si bien que ça, Succession ? » Bon nombre d’amateurs de séries se sont déjà posé la question, après avoir vu la série HBO rafler moult Golden Globes ou autres Emmy Awards. Pourtant, malgré son succès critique et des audiences en hausse outre-Atlantique, la fresque shakespearienne de Jesse Armstrong (Peep Show) ne fait que peu parler d’elle dans nos contrées. Le fait que le diffuseur maison, OCS, ne souhaite pas communiquer sur les chiffres de visionnage en est un bon indicateur.

Il faut dire que convaincre quelqu’un de réticent n’est pas chose aisée. Le fameux « Mais si, tu vas voir, c’est sur une famille de riches au comportement odieux qui contrôle l’opinion américaine ! » n’est pas toujours des plus efficaces. C’est alors le moment de sortir ses plus beaux arguments : écriture saillante, casting fabuleux, musique envoûtante, répliques hilarantes… Les superlatifs ne manquent pas, et font de Succession la série du moment.

PAS UNE DECEPTION, MAIS...

D’ailleurs, le troisième volet des aventures des Roy, diffusé à partir du 18 octobre dernier, était particulièrement attendu après un immense cliffhanger et une attente de plus de deux ans. Comment va réagir Logan, après le putsch initié par son fils ? L’avenir de Tom se dessine-t-il derrière les barreaux ? Shiv et Roman vont-ils parvenir à se faire une place de choix dans la hiérarchie ? Neuf épisodes et de nombreuses péripéties plus tard, Succession n’a pas déçu… Sans pour autant renouveler sa formule.

Les ingrédients qui ont fait la réussite de la série sont là. À commencer par l’écriture. Les dialogues sont toujours aussi drôles et incisifs, et l’équipe des scénaristes, Jesse Armstrong en tête, prend un malin plaisir à déjouer les attentes. L’exemple le plus flagrant étant la présentation de potentielles menaces pour mieux prendre à revers le spectateur qui se retrouve, dans les derniers instants de la saison, dans le même état de stupeur que les principaux protagonistes.

Le casting est toujours à son sommet, d’un Kieran Culkin qui prend du galon à un Matthew Macdafyen qui campe un Tom plus tragicomique que jamais. Et les nouvelles têtes n’ont pas déçu : Adrien Brody est convaincant en activiste milliardaire, et Alexander Skarsgard irrésistible en géant de la tech aussi impitoyable que nonchalant.

FINAL EN FANFARE

Nonchalant, justement, est un terme que l’on pourrait appliquer à la mise en scène de cette saison de Succession. Elle conserve la sobriété des deux précédentes malgré quelques fulgurances, comme ces zooms bien sentis sur les visages désabusés de ses héros lors de moments clés. Mais s’il y en a un qui ne fait pas dans la paresse, c’est bien Nicholas Britell, compositeur virtuose qui nous gâte encore de ses partitions à tomber.

Oui, le plaisir de retrouver Succession est indéniable. Mais à part proposer une opposition plus frontale entre les différents clans, on est en droit de se demander si la série ne se repose pas sur ses lauriers. On ne serait pas étonné que certains spectateurs se lassent face à cette nouvelle salve de fusions-acquisitions et de coups bas, pas toujours aussi subtils qu’à l’accoutumée.

Pas de panique, on est encore loin des séries essorées jusqu’à la dernière goutte. Les arcs narratifs des personnages évoluent de façon cohérente, tout en gardant leur lot de surprise, et le (léger) ventre mou est vite remplacé par un final en fanfare. Jusqu’ici, la formule de Succession marche du tonnerre. Mais qu’en sera-t-il après les deux prochaines saisons, déjà officieusement confirmées ? Fort heureusement, les dernières secondes de ce troisième chapitre laissent entrevoir un chamboulement des forces en présence. Un virage décisif à ne pas rater, sous peine de tomber dans le syndrome de la saison de trop.


Maxime Moerland

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