Critique du film The Medium

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Par Super Seven

le 08/08/2022

SuperSeven :


Le 17 juin dernier sortait dans nos rayons DVD une curiosité intitulée The Medium, fruit d'une coproduction entre la Corée du Sud et la Thaïlande.
Na Hong-jin (The Chaser, The Strangers) et Banjong Pisanthanakun (dont le film Shutter avait crée la surprise en 2006 au festival de Gerardmer) – qui réalise – œuvrent tous deux sur un scénario original de Hong-jin, assez proche par ailleurs de The Strangers, et dont l'action est déplacée en Thaïlande.

Le tournage d'un documentaire permet au spectateur de découvrir Nim, une shaman de la déesse Ba Yan. Toutes les femmes de la famille de Nim ont été choisies par Ba Yan pour être shaman et ont accepté leur tâche. Toutes sauf une, Noi, la grande sœur de Nim. Celle-ci s'est arrangée pour passer cette charge à sa petite sœur et se tourner vers la religion catholique. Mais alors que tout semble sourire à Noi, une succession de malheurs s'accumulent : son fils meurt dans un accident de scooter, son mari décède d'un cancer foudroyant, et sa fille Mink semble être sous l'emprise d'un esprit malveillant. La suite du film n’est alors qu'une longue descente dans un cauchemar insoutenable.

Il n'est pas difficile de reconnaître la patte des deux cinéastes-producteurs sur ce projet. The Medium partage de fortes similarités avec The Strangers mais également avec Shutter, un des arcs narratifs de ce dernier étant ici revisité.

Grâce à la mise en scène de Pisanthanakun le spectateur est très vite immergé dans l'univers qui lui est proposé. Le folklore Thaïlandais est décrit, palpable. On évolue dans un environnement qui existe : couleurs, odeurs, traditions etc. Même sans référents culturels appropriés, le film nous accompagne dans cette démarche ; les personnages possèdent une logique de fonctionnement, ce qui rend certaines de leurs décisions parfaitement compréhensibles.
Idem dans la gestion de l'atmosphère qui glisse tellement graduellement vers l'horreur que lorsque survient le premier jump-scare – dont le film n'abuse pas tellement pour le genre investi –, l’absence possible d’anticipation de celui-ci crée un véritable effet de surprise.

C'est réellement cette première partie qu'il faut louer et retenir. D’autre part, le récit s'évertue à décrire la destruction d'une cellule familiale d'une manière qui n'est pas loin de rappeler la démarche de William Friedkin sur L'Exorciste, et en cela The Medium est peut-être son héritier le plus légitime de ces dernières années.

L'aspect faux-documentaire/found footage, qui pourrait être rédhibitoire pour toute personne n'ayant pas perdu le sens du goût suite à une infection au COVID ne l’est pas. Fort heureusement, les films usant de ce procédé ont vu leur nombre largement diminuer, ce qui permet à The Medium de ne pas crouler – du moins cette année – sous une centaine de modèles reprenant la même structure et les mêmes idées. Malheureusement, disons-le d’emblée, celui-ci n'échappe pas aux écueils du genre quitte à, sur sa fin, ressembler à une copie studieuse mais peu inventive de Paranormal Activity. Pour autant, The Medium a un mérite : celui, avant de se complaire dans les mécaniques habituelles des found footages de ces vingt dernières années, de se débattre durant 80 minutes pour proposer ce qu'il y a de mieux dans le genre.

En s'offrant le luxe d'offrir à son spectateur une réflexion intéressante sur l'opposition entre la modernité et un folklore traditionnel qui refuse de mourir, Banjong Pisanthanakun fait mentir ceux qui pensent que le passé n'a pas d'avenir...


Félicien Hachebé

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