Critique du film Super Mario Bros. le film

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Par Super Seven

le 06/04/2023

SuperSeven :

Les adaptations de jeu vidéo au cinéma sont rarement des plus réjouissantes. Quand il s’agit d’une franchise aussi connue que celle du plombier moustachu, la tâche semble encore plus ardue. Une première tentative en prise de vues réelles s’est déjà cassée les dents dessus (Super Mario Bros., 1993), mais l’idée d’aborder cet univers en animation a tout du coup de génie. Par la proximité visuelle des deux médiums, Super Mario Bros. le film joue la carte de la ressemblance bluffante avec les dernières itérations vidéo-ludiques, et propose une immersion totale – quoique pas immédiate – dans le fameux Royaume Champignon. L’intérêt du projet mené de concert par Illumination et Nintendo réside surtout dans son rapport au mouvement, ici incessant et renvoyant inévitablement à un vieux principe d’humour américain, le slapstick. C’est dans ce registre que Super Mario charme légèrement, convoquant plutôt habilement le gameplay historique du jeu de plateformes pour mieux le garnir d’humour à la Buster Keaton. Il n’y a qu’à voir la partie à Brooklyn, qui rappelle dans son passage de course poursuite en plan large bourré de gags les moments les plus cocasses de Sherlock Jr. L’attachement à faire de Mario un personnage au cœur de la fameuse pop culture passe aussi par des références tout aussi peu attendues, comme quand une course poursuite sur la Route Arc-en-ciel prend des atours de Mad Max : Fury Road animé, pour notre plus grand amusement.

Seulement, ces quelques trouvailles ne suffisent pas à masquer le néant créatif de l’entreprise. Mario et Luigi galèrent à Brooklyn. Ils arrivent mystérieusement dans le Royaume Champignon mais Luigi est fait prisonnier par Bowser qui entend conquérir l’univers. Mario et Peach doivent s’allier pour l’empêcher de réussir. En limitant l’intrigue à cela – avec les passages obligés que cela implique –, le rythme est enlevé et ne redescend jamais, mais l’expérience vaut-elle vraiment le coup ? Car outre « l’amusement » des easters eggs et autres référencements auto-satisfaits pour appâter le fan (là du Mario Kart, ailleurs du Smash Bros, contemplé toujours avec un temps d’avance sur le personnage, comme pour nous rassurer sur nos connaissances), Super Mario Bros. le film lasse rapidement. L’absence totale d’enjeu dramatique, de réflexion quelconque sur sa propre nature d’adaptation et de produit culturel, de propos – on nous vend à la sauvette un message brouillon et tarte sur la famille – rend toute cette aventure superficielle et vaine, faute de frisson qu’il y a lorsqu’on joue. On s’amuse un peu grâce à Bowser qui s’improvise crooner éconduit sous sa carapace de grand méchant, mais le reste ne dépasse jamais le stade de l’anecdotique. Pour rajouter de la crème à ce gros gâteau presque insultant, l’aventure est parsemée de chansons signées A-ha ou AC/DC, histoire de donner un peu de quoi s’ambiancer aux parents et trentenaires. Une fois le générique de fin terminé, difficile de ne pas repenser avec un sourire blasé au début du film et son spot ridicule – mais un peu drôle – vantant les mérites du duo de plombiers, conclu par cette délicieuse réplique : « Ce n’est pas une publicité, c’est du cinéma ! ». De quoi se demander ce qu’ils en pensent chez Nintendo et Illumination, du cinéma.


Elie Bartin

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