Critique du film Scream VI

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Par Super Seven

le 08/03/2023

SuperSeven :

Ghostface Takes Manhattan

Tout juste ressuscitée l’an dernier, la saga Scream ne comporte pas de mauvais film. Il est néanmoins évident que ce sous-genre du cinéma, le slasher, n’est pas pour tout le monde. La franchise a su imposer une certaine marque de fabrique et une qualité — bien que n’ayant pas livré que des grands films, évidemment — qui est appréciable là où, depuis quarante ans, les épisodes de grandes sagas horrifiques s’accumulent et sentent souvent la marée basse.
Arrive SCREAM VI, successeur du sobre “SCREAM” de 2022 avec un écart de sortie très court (quatorze mois), seulement égalé par les onze mois entre le premier et second volet. Au menu cette fois-ci, la suite des aventures du Core Four, le groupe de survivants introduits dans l’opus précédent — qui servait de passage de flambeau — et toujours supportés par certains anciens personnages historiques. Il est notable que, pour la première fois, Neve Campbell, le visage (non masqué) de la franchise, n’est pas de la partie. Aussi et surtout, l’intrigue se délocalise à New York. Dès lors, difficile de ne pas avoir de l’appréhension sur une suite produite si rapidement, dont la promesse de changement peut potentiellement compromettre un certain équilibre au sein de la saga.

Pourtant, comment douter de Radio Silence ? Dès la grosse introduction d’une vingtaine de minutes, le duo de réalisateurs, leur producteur et les scénaristes rassurent en ne forçant pas de propos particulier mais en s’appliquant plutôt à construire une culture de la peur, toujours en essayant de mettre à jour cette série de films et de surprendre par des éléments précis. Là où l’on remarque qu’il s’agit de la même équipe créative que précédemment, c’est que, passé l’introduction, survient un ventre mou. Peu conséquent bien que légèrement dérangeant, il sert toutefois une envie : recentrer le cœur émotionnel sur les quatre rôles principaux. SCREAM VI se démarque des derniers opus de la saga — et ce, sûrement depuis Scream 2 —, en donnant une plateforme pour développer davantage des personnages qui, bien que caractérisés avant, n’ont jamais pu réellement briller par leur profondeur et toucher la corde sensible du spectateur comme le mythique trio Dewey-Sidney-Gale a pu le faire avant eux.

Cela dit, ce qui frappe essentiellement ici est le sérieux qui se dégage du récit. Si les Scream ont toujours parfaitement mélangé l’humour et l’horreur, force est de constater que Ghostface n’a jamais été aussi terrifiant. Par sa violence crue, SCREAM VI construit de très bonnes scènes de tension, qui se multiplient sans jamais être de simples appels téléphoniques. Ce sont plutôt de réels jeux de piste, des combats et quelques courses-poursuites qui engagent le spectateur et donnent rapidement un rythme sans jamais relâcher le spectateur. A ceci s’ajoute le ridicule dans lequel vire le dernier acte, potentiellement vite dérangeant même s’il corrige assez vite le tir dans ses vingt dernières minutes qui constituent un grand plaisir pour les fans de la saga et de slashers en général.

Si SCREAM 2022 manquait d’audace pour réinventer la franchise, et voulait principalement rassurer les foules en passant après Wes Craven, SCREAM VI, lui, tente plus de choses, formellement et scénaristiquement. Radio Silence réussit son pari en ne faisant jamais sentir l’absence de son héroïne principale. Bien que mentionnée, le rythme effréné compense tout à fait la perte du cœur de la série (même si l’émotion est bien là) et permet au film d’avancer et de reconstruire un nouvel héritage à Scream, tout en donnant une importance au passé, un historique des cinq films qui n’a jamais été aussi crucial que pour cet opus. Avec un SCREAM 7 d’ores et déjà confirmé (avant même la sortie internationale de celui-ci), Radio Silence semble finalement être l’option parfaite pour reprendre la franchise des mains du maître Wes Craven, décédé depuis maintenant huit ans. Avec deux épisodes convaincants, espérons que ceux-ci frappent d’autant plus fort avec la fin de leur trilogie...


Pierre-Alexandre Barillier

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