Critique du film Relic

logo superseven

Par Super Seven

le 05/10/2020

SuperSeven :

Décidément, cinéma horrifique et femmes réalisatrices font bon ménage ces dernières années. Si le genre continue de se développer et livre assez régulièrement des propositions plutôt audacieuses, on peut constater une présence féminine croissante et intéressante. On pense au « Mister Babadook » de Jennifer Kent – il nous tarde d’avoir une date de sortie française pour son « The Nightingale » -, à « A Girl Walks Home Alone At Night » d’Ana Lily Amirpour, ou encore au « Grave » de Julia Ducournau. Alors, quand « Relic » débarque dans nos salles obscures, on est curieux quant à cette production australo-américaine, première réalisation de Natalie Erika James.

Elle nous conte l’histoire de Kay et sa fille Sam qui se rendent chez Edna, octogénaire mère de la première, qui est portée disparue. Alors qu’un sentiment mystérieux et inquiétant envahit les deux plus jeunes, la grand-mère ressurgit mais semble différente de celle qu’elles ont connu. La sénilité et la vieillesse sont des thèmes forts qui, bien traités, peuvent créer un malaise puissant et insoutenable ; « Amour » d’Haneke en est peut-être la preuve la plus évidente. Toutefois, dans le cinéma horrifique plus « mainstream », on est loin d’avoir de nombreuses références en la matière. Rapidement, la cinéaste arrive à nous plonger dans son intrigue par un aspect épuré qui titille et fait se demander en permanence quand tout va vriller. Elle cède néanmoins à certains artifices éculés, bruits sourds et musique légèrement grinçante pour amener de la tension, et des codes visuels à la lisière du ridicule, à l’image de la fuite urinaire d’Edna.

Pourtant, le mystère perdure et les séquences de rêve alliées au décor simpliste font planer une odeur de macabre sur les personnages. Quelque chose rôde aux alentours, à l’image du moisi qui envahit les lieux et les corps, des silhouettes ombragées qui hantent les cadres mais aussi de la mise en scène qui traduit l’idée d’une oppression croissante. Les sur-cadrages s’enchaînent, la maison étouffe de plus en plus, et nous restons attentifs à chaque détail dans l’espoir d’y voir un peu plus clair.

Sans que l’on s’en rende compte, on est en fait pris au piège par Natalie Erika James. Elle tisse une toile calibrée pour nous bloquer et nous amener progressivement à ce qui fait le sel de son récit. Car, si l’étiquette de l’horreur se prête bien à ce premier long-métrage, tant par les ficelles dont il use que son aspect global, on est davantage sur un psychodrame sur l’imminence de la mort. La vraie peur n’est finalement pas tant celle de mourir de la main d’une mamie gâteuse et presque possédée, mais bien d’accepter le funeste sort de celle-ci, une réalité de la vie qui frappe tout un chacun. Le macabre gagne alors une dimension poétique qui atteint son paroxysme lors de l’épilogue, avec une dernière scène émouvante et une imagerie inspirée.

La famille tiraillée et en proie à de nombreuses tensions, réunie dans cette maison au passé douloureux et fort, apprend alors à vivre ensemble à travers un drame terrible. Natalie Erika James peine donc à nous emporter avec elle, par sa première heure qui, si elle est intéressante par l’aura poisseuse qu’elle dégage, joue trop de poncifs lassants, mais elle nous rattrape dans son troisième acte où tension et douceur finissent par se croiser, dans un élan inspiré. Un film de festival finalement imparfait, mais qui laisse entrevoir un potentiel intéressant pour le futur avec une nouvelle réalisatrice ambitieuse qui pourrait bien nous surprendre.


Elie Bartin

relic image.jpeg