Critique du film On the Rocks

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Par Super Seven

le 17/10/2020

SuperSeven :

Après le superbe "Lost in translation" en 2003 et le particulièrement oubliable "A very Murray Christmas" en 2015, Sofia Coppola retrouve Bill Murray devant sa caméra pour la dernière production Apple TV, "On the Rocks".

Laura, une jeune femme, vit à New York avec son mari et ses deux filles. Elle mène une vie plutôt bourgeoise : elle est autrice et son mari vient de lancer une startup qui fonctionne. Tout ce monde tourne bien jusqu’à ce que l'on rencontre le père de Laura, Felix (Bill Murray). Playboy assumé, riche marchand d’art, extravaguant, charmeur. Ce dernier emporte Laura dans une aventure dans le New York mondain, rappelant celui d'Allen.


Le film démarre difficilement, puisque la réalisatrice entend installer une routine et une lassitude (retrouvée dans plusieurs de ses précédentes oeuvres) dans la vie de la jeune maman qui court de chez elle à l’école sans avoir le temps de rien faire, entrecoupée par les discussions barbantes de ses prétendues amies qui racontent leur vie de couple sans laisser Laura parler de la sienne. Toute cette installation pourtant rapide à résumer, dure une bonne demi-heure et agace.

Heureusement, entre en scène Félix, le père de Laura. Il apporte enfin un mouvement et une action relativement appréciables tant le tout commençait à s’enterrer vivant. C’est là, finalement, que le voyage commence. À travers un New York coloré, parfois bruyant, mais bien vivant se déroule une enquête en plusieurs actes, parsemée de repas mondains dans les restaurants de Manhattan, qui nous plonge dans la paranoïa de Laura à propos de son couple. L’influence de son père semble la pousser à voir le mal partout dans l’attitude de son mari, et ce jusqu’à ce que l’on y soit poussé aussi.
Malheureusement, rien ne change vraiment dans la forme du récit en lui-même. On aurait pu apprécier une ouverture des plans ou un vrai changement de colorimétrie par exemple mais la caméra de Sofia Coppola reste sensiblement discrète, sans dire banale non plus puisque la photographie est soignée, avec même des séquences en voiture très bien filmées.


Rien ne transcende donc, surtout après ce à quoi nous a habitué Sofia Coppola. Pas de morale plombante, pas de pleurs incontrôlables, rien - ou pas grand-chose -. On a seulement le fil rouge de la relation homme âgé - jeune femme, déjà vue chez la réalisatrice que ce soit pour des amants interdits ou ici un père et sa fille, qui s’étire jusqu’à la conclusion logique et attendue.

On sent bien que le film a été pensé et réalisé pour Apple TV, comme le choix idéal pour une soirée télé sur le canapé avec un thé chaud. Pas de grandes prétentions donc et il en restera surement là. La véritable question est alors : quel intérêt les spectateurs vont-ils porter à ce film ? Sans la découverte en salles, il faut s’accrocher pour ne pas arrêter au bout d’une demi-heure, tout en priant pour savoir quand cet étalage d’ignominies New-Yorkaises va s’arrêter. On peut se tromper mais les auteurs devraient peut-être plus s’adapter au format de la plateforme internet où tellement de choix sont à portée de main, de sorte que l’on veut être emporté dans l’œuvre dès les premières minutes, sans quoi l’on risque d’aller vite voir dans la proposition suivante si l’herbe n’y serait pas plus verte.



Timothée Ravet-Salmon.

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