Critique du film Old Boy

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Par Super Seven

le 31/03/2020

S’il y a bien un film que n’importe qui citera en entendant « cinéma asiatique » c’est Oldboy ! Depuis sa sortie, il est devenu un classique immanquable du 7ème art sud-coréen. Dix-sept ans plus tard le long-métrage de Park Chan-wook n’a pas perdu en intensité, ses sentiments controversés et son dénouement restent un délice qui hérisse la chair de poule sur nos bras sensibles.

L’impact consiste tout premièrement en ses trois parties distinctes; l’enfermement, la compréhension et le dénouement. Les plans sont forts dès les premières secondes du film et on saisit instantanément l’évolution que subira le personnage principal interprété brillamment par Choi Min-sik qui saura retranscrire à l’écran les changements brutaux que subira Oh Dae-su. Et la folie n’est que trop rarement représentée avec autant de véracité, des plans fixes sur un visage décomposé par l’absurdité de la vie, des yeux bravants les étapes vers l'horreur en passant par une face déshumanisée prête à tout pour arriver à ses fins. Chaque personnage possédant son identité, on ne peut que crocher.

Le filtre verdâtre utilisé - qui rappelle celui de Saw premier du nom - pèse sur l’ambiance qui enferme le spectateur dans la tête du héros, une lumière de vieille clinique qui souligne le sang et la violence des scènes.

La caméra sait briller par instant, notamment durant ses combats, filmant par exemple un couloir à l’horizontal sur un plan séquence devenu culte. Le tout dépassant les limites du réel, toujours soutenu par une musique parfaitement adaptée à l’esprit troublé des personnages. On saluera d’ailleurs le travail remarquable du compositeur Cho Young Wuk pour la bande originale qui rend les séquences encore plus mémorables.

On peut également admirer l’absence de clichés et ses thématiques peu exploités - dont je tairai la nature pour ne pas vous gâcher la surprise -. Mais c’est avant tout son final qui rend au film toute sa force, la tension montante au fil de l’aventure dont les clés se dévoilent petit à petit qui laisseront son public perplexe jusqu’aux dernières minutes qui rassureront les plus terriens d’entre nous. Tout a un sens, tous les détails sont examinés.

S’il fallait reprocher à Oldboy un détail, on pourrait souligner le côté surhomme de Oh Dae-su, bien qu’il fasse partie intégrante des mythes et légendes des guerriers asiatiques au cinéma. On pourrait aussi parler de l’absence de vieillissement physique des acteurs à travers les années, mais l’erreur est rattrapée par le jeu extraordinaire des protagonistes qui par leurs mimiques changeantes et leurs regards pénétrants permet de mieux faire passer la pilule.

En conclusion on a bien affaire à un chef d’oeuvre qui par sa montée en puissance insoutenable, ses scènes d’action inoubliables, ses acteurs mémorables ou encore sa bande originale qu’on se surprendra à réécouter, devraient motiver chacun à se pencher plus sur le cinéma asiatique. La manière dont les émotions passent à l’écran ne sont pas similaires à celles que l’on a l’habitude de ressentir, la morale presque inexistante soulage des interminables fins redondantes qu’on trouve bien trop dans nos cultures occidentales.
Comment ça les américains en ont fait un remake ?!


Léo Augusto Jim Luterbacher

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