Critique du film Memory of Water

logo superseven

Par Super Seven

le 28/01/2023

SuperSeven :

Ma 6Terne va crack-er

Adapté du roman d’Emmi Itäranta du même titre — ou de la célèbre phrase de JCVD : « J’adore l’eau, dans vingt-trente ans, y en aura plus » —, Memory of water, film d’anticipation finlandais de Saara Saarela, nous place dans un futur où le liquide transparent est devenu la denrée la plus rare, et donc également une véritable source de pouvoir et d’autorité.

La cinéaste le dit elle-même : cette œuvre est le fruit de sept ans d’écriture. Pourtant, il est immédiatement surprenant que le processus de rédaction ait pris plus de quelques mois. Si Saarela marque par un univers crédible et assez plaisant dans l’immersion, celui-ci souffre cruellement d’un grand manque d’exploitation. Malgré différents effets visuels numériques plutôt bien faits — outre deux-trois fonds verts assez terribles — et un vélo électrique avec lequel le personnage se déplace, qui rendrait jaloux toutes nos génitrices en recherche de cardio, Memory of water lasse par un sur-place constant dans les environnements, technologies et tout ce que ce monde futuriste a à nous offrir. Jusqu’au dernier acte où, soudainement mais trop tard, une preuve d’ouverture des contrées proposées apparaît. Manque de bol, sa mise en scène se place à mi-chemin entre une pub d’office de tourisme finlandaise et une quête annexe de récolte sur Death Stranding.

Aussi, la scénariste Ilja Rautsi évacue toute part d’ambiguïté sur le comportement de ses personnages un minimum caractérisés. Les différents rôles du film ne font que naviguer entre les statuts de héros et méchant, sans jamais montrer un élément permettant de comprendre le passage de l’un à l’autre ; ils ne sont finalement que fonctions, devant péniblement faire avancer le récit d’un point au prochain. Celui-ci ne décolle d’ailleurs jamais vraiment, ne développe rien de son univers, de ses personnages ou de l’histoire qu’il essaie de conter — malgré un vague propos assez intéressant sur les traditions que l’humanité garderait, même quand une société s’effondre. De plus, le régime autoritaire — voire totalitaire, vrai coup de chance pour résonner avec la guerre en Ukraine (loupé!) — instauré n’est jamais menaçant, crédible ou même bien acté pour servir d’antagoniste de fond. Dommage, faute d’enjeu auquel se rattacher, la seule option semble alors de sombrer dans un sommeil profond.

Pourtant, Saara Saarela arrive à garder attentif l’œil de son public avec sa mise en scène marquée de jeux de couleurs et de lumières agréables visuellement, et une direction d’acteurs qui reste toujours à peu près plaisante — quelques exceptions faites sur certains rôles mineurs. Un certain potentiel donc, bien gâché par l’adaptation d’un roman peut-être trop compliqué à confiner dans une durée d’une centaine de minutes. Comme dirait le grand Omar Sy : nous l’avons vu, mais nous ne l’avons pas regardé.


Pierre-Alexandre Barillier

memowater image.jpg