Critique du film Little Zombies

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Par Super Seven

le 14/10/2020

SuperSeven :

Quand on pense aux Zombies, on imagine cette créature sans vie, sans mort non plus. Totalement inerte et dépourvue d'émotions. C'est un peu le cas des protagonistes de ce film car « Little Zombies » nous raconte l'histoire de quatre enfants issus de familles différentes qui ont perdu leurs parents. Ils se rencontrent au crématorium, et pourtant personne ne pleure. On se demande pourquoi : Manque d'attachement envers leurs parents ? Mauvais parents ? Ne pas avoir envie de pleurer car ils sont contre l'idée de "devoir pleurer" à un enterrement ?
Privés d’émotions et d’un foyer, ils vont se réunir autour d’une idée : Former un groupe de rock.

Le film ouvre sur le premier enterrement, celui des parents d’Hikari, séquence qui fait déjà comprendre l'immense imagination et sens du rythme électrique du réalisateur Makoto Nagahisa.

Entre montage épileptique, changement de caméra, de lentille, de saturation de l'image, surcadrage et utilisation d’une multitude d’angles, le réalisateur et son chef opérateur Hiroaki Takeda nous offrent une farandole de possibilités audiovisuelles. Le tout accompagné par les influences musicales et esthétiques tout droit tirées de l'ère des premiers jeux vidéo, avec une musique 8bit ou “chiptune music” qui agrémente le film. Celle-ci a d’ailleurs été composée à l’aide du groupe Love Spread qui définit leur musique comme du “bit pop expérimental”

La narration est découpée de façon simple, d’abord par cet enterrement raconté du point de vue de Hikari, ensuite sa rencontre avec Ishi, Yuki et Ikoku. Après quelques échanges on comprend qu’ils en sont au même point. Nos parents sont morts, et maintenant on fait quoi ?
Désirant échapper à la garde de leurs proches ou des services d’adoption, ils décident de fuir ensemble vers ce voyage initiatique, vivre leur aventure sans qu’elle soit dictée par une école remplie d’élèves moqueurs ou de parents absents.
Le groupe va alors passer de foyer en foyer tout en nous retraçant le portrait des vies des quatre enfants avec leurs parents, de leurs relations jusqu’à leur mort. Les échanges, la tendresse, la violence, l’ignorance, et pourquoi sont-ils arrivés à cette sensation d’indifférence lors de la mort de leurs géniteurs.
Malheureusement, ce manque d'émotions chez les enfants, même s’il est totalement intentionnel peut aussi créer un manque d'empathie chez le spectateur et rendre la narration moins prenante.

Une fois passée cette étape, l’œuvre de Makoto nous amènera au dénouement du film et au début de leur courte carrière musicale, débutant avec la chanson éponyme du film “We are Little Zombies” qui nous est montrée à travers un clip musical en plan-séquence. En figuration des danseurs habillés en SDF et filmés dans une déchetterie remplie de couleurs, lumières et néons. Tout ce que sait faire de mieux le réalisateur est réuni ici, exploitant sa créativité jusqu’au bout à l’aide du chef décorateur Yoshinori Watanabe et son chef design Yukiko Kuribayashi

L’intense carrière musicale est toutefois écourtée car exploitée par de cupides adultes ne comprenant pas les désirs des enfants-artistes. Leur désir de vivre une aventure entre eux, entre enfants loin du tumulte et des responsabilités du monde des adultes va en effet être coupé court par ces derniers adultes, déjà entrain de leur préparer un avenir tandis qu’ils préfèrent largement vivre au présent.
Mais cette partie du film arrive à un moment ou la pupille et le cerveau humain ont déjà énormément encaissé, le ressenti du film devenant plus long que sa durée réelle. Toute cette explosion visuelle et sonore est parfois de trop, et l’on peut être assez vite hermétique au cinéma proposé tant cette énergie folle et débordante est parfois difficile à suivre. On n’a que rarement le temps d'apprécier un plan osé ou une idée de mise en scène qu'on est déjà passé à autre chose. Alors, si la créativité est de mise, la lassitude finit par l’accompagner…

Reste cependant une expérience follement électrique, remplie de couleurs vives, de plans multiples et minutieusement travaillés. Chaque décor, chaque couleur, chaque plan nous plonge dans cet univers fou du réalisateur, qui démontre d’une envie de nous montrer tout ce dont il est capable sans avoir de limite imposée.
On a comme l’impression d’avoir le cerveau branché à une borne d’arcade qui tourne à pleine puissance remplie de bonbons acidulés et à laquelle on aurait mis le feu. On y voit une immense patte graphique donc, à l’allure bande démo, qui nourrit les yeux tout en fatiguant le spectateur.


Nikolas “Kosby” Tillier

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