Critique du film La Sirène

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Par Super Seven

le 28/06/2023

SuperSeven :

C’est en tant que gardien du but lors d’un petit match de quartier qu’Omid, jeune habitant d’Abadan, assiste aux premiers bombardements de sa ville par le gouvernement Irakien. Le contexte historique de La Sirène est posé d’emblée par cette scène courte et efficace, qui résume tout ce qui importe : nous assistons à un siège. Omid voit son frère et les autres hommes de la ville s’engager et partir au combat ; le monde s’active et se mobilise pour tenir tandis que son sentiment d’impuissance grandit en lui face à l’horreur des bombardements qui se jouent sous ses yeux. Il cherche alors désespérément à se rendre utile, à aider sa ville et pense même avoir trouvé un moyen de s’échapper et de sauver les habitants d’Abadan.

Nous le suivons sur sa moto, à la rencontre de personnages bien vivants. Cuisiniers, jardiniers, photographes, prêtres, chanteuses et ingénieurs se cachent des bombardements mais cultivent bien l’art de vivre en intérieur, mettant en évidence un contraste fort avec les morts et les ruines des rues désertes de l’extérieur. Si Abadan semble morte et détruite, il y a encore tout un monde qui fourmille à l’ombre de l’armée Irakienne, un monde qui chuchote et s’organise en silence pour survivre et tenter de s’échapper. Dans cet univers, Omid qui était alors jusque-là un simple électron libre, devient un écrou central du mécanisme, et parvient à se hisser comme sauveur du peuple.

C’est un récit bien utopique de penser qu’un garçon de 14 ans sauve sa ville du désastre, surtout lorsque la survie dépend d’un miracle inexpliqué, et c’est peut-être ce qui rend La Sirène parfois niais et peu crédible. Si la dimension initiatique est intéressante en développant le destin d’Omid, les facilités s’accumulent au risque de lasser, bien qu’elles puissent néanmoins être interprétées comme la subjectivité du héros qui hyperbole son importance une fois qu’il a enfin trouvé sa place dans cette micro-société. Une subjectivité en permanence soulignée par l’animation, qui se prête bien à retransmettre à l’écran les rêves, les émotions et les ressentis des personnages, et qui le fait brillamment ici en variant sans cesse les couleurs (Abadan passe de teintes rouge orangé à un gris morne et oppressant), en jouant sur les formes (on pense parfois à Escher) et en n’hésitant pas à nous montrer les rêves et songes d’Omid. Si l’ensemble manque de consistance, La Sirène est toujours sublime et transporte le spectateur au cœur d’Adaban, par la qualité constante du dessin et la finesse de sa musique.


Maxime Grégoire

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