Critique du film L'homme du président

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Par Super Seven

le 26/01/2021

SuperSeven :

Si le cinéma se distingue par sa capacité d’émerveillement du spectateur, il ne faut pas non plus négliger sa faculté à ouvrir ce dernier à de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, de nouvelles connaissances. On peut citer par exemple « A Royal Affair » (2012) de Nikolaj Arcel, qui nous ramène dans un Danemark du XVIème siècle et nous raconte une histoire d’amour secrète entre la reine Caroline-Mathild et le docteur du roi Johann Friedrich Struensee, ou plus récemment on peut entrevoir avec plus ou moins de vérité la vie de la famille royale anglaise dans la série « The Crown » disponible sur Netflix.

« L’homme du président » s’inscrit dans ce registre et propose une histoire plutôt passionnante et peu connue des occidentaux. Dans les années 1970, le président Coréen Park Chung-hee contrôle d’une main de fer la KCIA (Korean Central Intelligence Agency). Un commandant de celle-ci, Kim Kyoo-pyeong, qui a auparavant lutté aux côtés du président durant la révolution, doit prendre une décision radicale pour le bien de son pays. Sa mission : assassiner le président. Les raisons : de terribles révélations qu’un ancien membre de la KCIA a mis au jour ainsi que des décisions de plus en plus oppressantes pour le peuple Coréen prises par le président Park.

Le sujet est fascinant et mérite d’être raconté. Il s’agit d’un récit d’espionnage, de trahison, de complot et de coup d’état. Mais là ou cela fonctionne sur le papier, le film convainc peu en pratique. L’histoire, aussi captivante soit-elle, et le talent des acteurs sont insuffisants pour nous faire oublier les quelques lourds défauts de l’ensemble. Le réalisateur Min-ho Woo a parfois du mal à nous faire rentrer dans son univers. La mise-en-scène est assez pauvre, avec peu de moments de tension entre les personnages. Même les quelques scènes d’espionnage – peu nombreuses – sont loin de faire frémir le spectateur, lésé par le projet.

Les personnages passent de pièce en pièce, de pays en pays, les dialogues nous en apprennent un peu plus à chaque nouvelle scène sans pour autant réussir à nous captiver. Seule la relation entre Kim Kyoo-pyeong et le président Park nous maintient en haleine. Les décors n’arrangent rien. On essaie de nous plonger dans un Paris des années 60 (où l’action a lieu pendant une bonne partie du film), mais à part quelques vieilles voitures, chambres d’hôtel et restaurants, on peine à y croire. Les dialogues et la musique ne confèrent pas plus de signifiance à ce film pénible.

On finit par s’interroger : n’aurait-il pas été plus judicieux d’en faire un documentaire malgré des ressorts narratifs qui donnent envie d’aller vers la fiction d’espionnage ? On se sentirait certainement moins trahi que face à cette proposition ampoulée, qui n’a rien d’autre à offrir qu’une intrigue riche mal exploitée.


Nikolas "Kosby" Tillier

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