Critique du film Irréversible

logo superseven

Par Super Seven

le 01/09/2020

SuperSeven :

Je ne sais par ou commencer tellement ce film a marqué mon esprit et ce que je pensais du cinéma. Je l'ai immédiatement considéré comme un chef d'oeuvre à l'inverse des bien-pensants qui étaient à Cannes en 2002 et n'ont retenu que la nausée qu'il procure et son côté trop subversif, offrant à la presse une mauvaise réputation du film.

Le trio d'acteurs principaux (Monica Bellucci, Albert Dupontel, Vincent Cassel) est une merveille, puisque l'amour comme l'amitié sont illustrés à la perfection, avec une authenticité rare au cinéma (la majeure partie des dialogues est improvisée).

Le film est une bête et méchante histoire de vengeance : une jolie jeune femme est violée puis tabassée dans un tunnel de Paris, son compagnon et son ex-petit ami partent à la recherche du coupable pour lui régler son compte. L'issue de cette traque incessante et dangereuse dans les bas-fonds parisiens est la première scène du film.

Le montage à l'envers fait d'abord penser à un artifice un peu facile, mais il sert bien le propos et il s'inscrit parfaitement dans le cadre de cette histoire : celle d'un couple qui vit un drame, qui se brise en morceaux suite aux excès de violence qui parsèment la vie. En gros, l'idée que le temps détruit tout. Dans la première moitié du film, on assiste donc au couple que la vie a décidé de sacrifier, un couple qui disparaît. Mais après l'horreur de la première demie-heure, on revient à la vie calme et tranquille du couple avant que tout ne dégénère.

On a donc une première moitié de film hyper rythmée, dans laquelle les cadrages et les mouvements de caméra sont brusques, les dialogues sont crus, et surtout la colère, celle qui mène à la vengeance, est omniprésente. Les différents plans-séquences du film s'enchaînent à merveille dans l'enfer nocturne fait de néons et de trottoirs, jusqu'au paroxysme de l'horreur, avec la scène du viol d'Alex dans ce tunnel rouge. Une longue et dure scène qui devient encore plus insoutenable lorsqu'on voit se dessiner, dans le fond rouge et sombre, l'ombre d'un passant, qui fixe la scène pendant quelques secondes puis fera mine de n'avoir rien vu comme beaucoup (trop) auraient fait. Cette scène d'une rare violence met un terme à la première partie du film, première partie dans laquelle une tornade de violence extrême a tout ravagé sur son passage, emportant non seulement le bras de Marcus mais aussi leur innocence à tous les trois.

Puis le film s'apaise, et nous retrouvons notre trio d'acteurs en pleine conversation sur le sexe, au beau milieu du métro parisien. Pour nous rappeler qu'il y a toujours de l'espoir, on les revoit rire tous les trois. Puis Alex évoque les rêves prémonitoires, et ce rêve qu'elle vient de faire, qui a lieu dans un tunnel rouge.. confirmant l'idée que le destin est écrit et que cela devait forcément arriver.

Alors on revoit Marcus et Alex, dans leurs moments intimes, charnels, ils rient, s'aiment, ils se caressent et se parlent. Le détail qui va conclure le film c'est Alex qui fixe son test de grossesse et lui sourit. Ce test de grossesse qu'elle a effectuée quelques heures seulement avant d'être violée et tabassée par un pervers sexuel dans un tunnel sombre de Paris, tunnel qu'elle a vu en rêve.

Avec Irréversible, Gaspar Noé montre tout ce qu'il y a de pire chez l'Homme, notamment sa cruauté et son absurdité, mais il montre aussi sa délicatesse et l'espoir.
Irréversible est un film bouleversant, triste, violent et choquant pour les bonnes raisons. Si le film ou même le réalisateur est sujet à la controverse, inutile de dire que pour moi, il a mis tout le monde d'accord avec ce long-métrage des plus réalistes.


Thib

irréversible image.jpg