Critique du film Impionçable

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Par Super Seven

le 16/09/2020

SuperSeven :

Qui a dit que les éléphants ne savaient pas voler ?


Après son premier long-métrage, "Irregardable", qui tenait merveilleusement ses promesses puisque j’ai été absolument incapable de le terminer, Babor sort enfin de son silence et nous offre un film brut, bouleversant : Impionçable.
Avant même de lancer le film un détail interpelle, le casting que le réalisateur a rassemblé coupe le souffle. À grand coup de stars telles que Kemar, Monsieur poulpe ou encore Jake Gyllenhaal. 
Que voir dans ces choix si ce n’est une ambition débordante et une générosité qui promet un moment grisant.

L’action prend place à Paris, en toute intimité, avec une caméra à l’épaule, de manière à lier d’office le spectateur au personnage. Rapidement, l’histoire se mue en un road-movie émouvant entre les différents thèmes de la vie, la famille, le travail, la maladie, la jeunesse, l’amour… 
En risquant parfois de tomber dans le naturalisme un peu cliché le film se défend grâce à une connexion forte avec la fiction et au monde de la nuit, de la fête.
J’ai personnellement été particulièrement touché par le travail et la minutie apportée à la photographie (le film est tourné en 70 millimètres pour un piqué incomparable), le travail sur le noir est blanc et les couleurs au rendu léché nous en met plein les yeux durant l’heure de plaisir que le réalisateur nous offre (il porte d’ailleurs la double casquette avec le métier de directeur de la photographie). 
Tout ceci devient une expérience à part entière quand un personnage demande à son téléphone d’appeler la police, et que votre box Google du salon appelle en effet les force de l’ordre. Ce réalisme est aussi dû au travail gargantuesque et pourtant si discret, ce qui en fait sa force, du monteur, qui n’est autre que Babor lui-même. Impossible pour le jeune réalisateur, si méticuleux et perfectionniste, de laisser quelqu’un intervenir dans sa fièvre de création. 
La bande originale vous porte d’émotions en émotions, grâce à la virtuosité de la composition qui alterne entre la musique électronique limpide et le gros son bien gras des fêtes parisiennes en sous-sol. 
Puis les prestations d’acteurs sont à couper le souffle, que ce soient les personnages principaux ou les rôles secondaires, on sent que l’équipe a pris son pied sur ce tournage.

Le fond du film se déroule dans une France fatiguée, déchirée, par la pandémie premièrement, qui pèse lourd à l’arrière-plan de l’action. Mais aussi par l’actualité gouvernementale, la déchirure entre l’état et le peuple, entre les médias et leur public entre la police et les citoyens… Le résultat est surprenant, fort en rebondissement et rempli de sagesse.

De mon côté j’en retiens une chose : la vie vaut la peine d’être vécue. Ce film donne envie de vivre, et ce, grâce au lien qui nous uni avec les différents personnages. Ce lien qui mue, au gré des transformations, physiques et mentales. La vie vaut la peine d’être vécue certes, mais pas de n’importe quelle façon, il faut la vivre libre comme si chaque jour était le dernier, comme si chaque nuit était la dernière. Le travail, ça va un temps mais il faut savoir faire … la fête. Une ode à la vie, à la liberté, une brise matinale, une bouffée d’air frais.

À voir absolument, au cinéma, plusieurs fois.

Concluons sur ces mots de Xav : « Sah, quel plaisir ».


Timothée Ravet-Salmon.

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