Critique du film I care a lot

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Par Super Seven

le 01/04/2021

SuperSeven :

Jubilatoire et grinçant, déstabilisant et surprenant, oui, « I Care a Lot », le dernier succès de Netflix, dérange. Il met en scène la singulière Rosamund Pike, dans le rôle d’une tutrice professionnelle. Celle-ci, en couverture, a pour mission de prendre en charge et de suivre les personnes âgées, devenues dépendantes. Pourtant, Marla Grayson, méchante garce, arnaque consciencieusement ces anciens, en les dépossédant de leurs biens. Du bout de sa cigarette électronique et perchée sur ses talons hauts, elle dirige ses manigances d’une main de fer, sans ressentir une once de doute.

Seulement, rien n’est rose dans le monde des malfrats. Alors qu’elle s’attaque à une énième victime (Diane Wiest), aussi saine d’esprit que vous et moi, elle tombe sur un os. Après un refus de coopérer, Jennifer Peterson se voit dans l’obligation de suivre son bourreau. Un véritable cauchemar s’amorce. Elle est conduite en EPHAD, dépossédée de son téléphone portable et amener, simplement, à se taire. Cependant, cette victime n’est pas aussi esseulée que Marla ne le pense…

La vitesse de procédure ne laisse pas 1 minute au spectateur pour comprendre ce qu’il se passe. Certains souhaiteront surement arrêter car le malaise est présent, d’autres seront obnubilés par la force et la précision de l’acte. Très vite, les situations s’enchainent. « I Care a Lot » oscille entre la comédie grinçante, et le thriller cynique. Le duel Rosamund Pike/Peter Dinklage fait des étincelles. Le jeu du chat et de la souris s’illustre, se confond et s’inverse. Au bout d’1h20 de film, le spectateur pense connaitre la fin, il retient son souffle, mais non, tout repart de plus belle.

Bien que parcouru d’invraisemblances, « I Care a Lot » se laisse apprécier. Cependant, le réel problème du long métrage s’inscrit dans une absence de profondeur de son personnage principal. La cruelle et robotique Marla Grayson est présentée comme une « bad girl », ultra féministe, qui n’a peur de rien.

Au premier abord, ce personnage fascine autant qu’il questionne. Plus le spectateur s’approche du générique, plus il est aisé de découvrir qu’il n’est malheureusement qu’une façade. Bien loin de celui interprété dans « Gone Girl », tout aussi vil, il s’avère finalement lisse et sans grand intérêt. Son passé reste inconnu, ses motivations absentes et ses relations intimes très peu exploitées. Marla Grayson n’existe que parce qu’elle décide de s’opposer à un homme. Or, l’individu campé par Peter Dinklage dispose de nombreuses scènes exposant l’amour qu’il porte à sa mère, la nature de ses activités ainsi que les fluctuations de son caractère. C’est bien dommage.

Aussi, “I Care a Lot” impose aux spectateurs un personnage principal, auquel il est impossible de s’identifier, car il ne provoque que répulsion. J. Blakeson, le réalisateur du film, semble avoir apprécié développer un personnage qui n’inspire qu’une détestation profonde. En témoigne le fait qu’il ne tente, pas un seul instant, de renverser cette inimitié, envers son protagoniste. Il est donc difficilement possible de se faire l’avocat du diable de Marla Grayson. Cette constatation est décevante car un film d’arnaque avec, à sa tête, une méchante assoiffée de pouvoir aurait pu être passionnant. Malgré une Rosamund Pike impeccable, la sauce ne prend pas. La fin est décevante mais le long métrage reste divertissant, bien qu’il s’oublie vite. Le sujet amuse autant qu’il questionne. Une singularité, disons.


Arthur Massault

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