Par Super Seven
SuperSeven :
Depuis 2006, Matteo Garrone porte son projet de Dogman, cherchant sans jamais être satisfait le casting et le lieu parfait pour le lancer. Et c’est finalement en 2018 que le grand public peut enfin découvrir l’aboutissement de tout ce travail sur grand écran. Son exigence a-t-elle payé ?
C’est à Cannes que j’ai entendu parler de Dogman, film italien donc l’acteur principal Marcello Fonte a reçu le prix d’interprétation masculine là-bas. N’ayant pas eu l’occasion de le voir sur place, je me suis rendue en salle dès sa sortie, quelque peu craintive étant donné les retours que j’avais eu quelques semaines plus tôt.
Quelle ne fut donc pas ma surprise face à la claque que m’a mis ce film. Une véritable ambiance est créée, grâce aux décors atypiques, à la chaleur des personnages se transformant par la suite en méfiance puis en malaise, et au jeu des acteurs tout bonnement magnifique.
Le travail de réalisation est aussi à souligner, on ne peut détacher les yeux de l’écran face à cette image d'excellente qualité et particulièrement esthétique.
Côté scénario, l’histoire est bien rythmée, et aborde des thèmes intéressants tels que la solitude, la loyauté ou encore le besoin d’être aimé. En effet, Marcello mène une vie très monotone et solitaire malgré les quelques visites de sa fille, et c’est finalement auprès des chiens dont il s’occupe qu’il trouve le plus de compagnie. Il prend également part à un petit trafic de drogue afin de pimenter un peu son quotidien et pense être ami avec le gros dur qu’est Simone, alors que nous comprenons bien vite que celui-ci utilise seulement la naïveté de notre protagoniste afin de parvenir à ses propres fins.
Le film prend une tournure particulièrement intéressante lorsque Marcello se voit confronté à un choix qui compromettra soit son amitié avec Simoncino, soit sa réputation auprès du village, qui lui tient particulièrement à coeur. S’en suivra une descente aux enfers qui marquera profondément le personnage principal, de manière irréversible malgré tous ses efforts. C’est à ce moment là que l’interprétation de Fonte devient réellement remarquable, emportant probablement l'avis du jury qui récompensera sa prestation.
Le film se terminera dans une violence très bien dosée voire même nécessaire afin de nous faire relâcher notre souffle en même temps que le personnage principal, sombrant dans une certains folie que certains peuvent voir comme salvatrice.
En somme Dogman fait partie de mes très bonnes surprises de l'année 2018, grâce à sa réalisation singulière où tous les éléments sont réunis pour vous faire passer un moment entre tension et compassion, entre rire nerveux et empathie…
Il est (fort heureusement) de moins en moins rare de voir ce genre de petits films étrangers parvenir jusqu’à nos salles, mais ça n’est pas encore suffisant. Je vous encourage donc fortement à soutenir ce mouvement en fonçant voir les films qui suivront cet excellent Dogman.
Et en attendant un retour du cinéaste italien en salle, vous pouvez aller regarder son, un peu moins bon mais néanmoins intéressant, Pinocchio sorti sur Prime Vidéo en mai dernier.
Pauline Jannon