Critique du film Do Revenge

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Par Super Seven

le 25/09/2022

SuperSeven :


LA REVANCHE DE NETFLIX

Dans un océan de contenus vendus pour tout âge, Netflix essaie tant bien que mal de convenir à tout le monde. Il est évident, depuis quelques années maintenant, que ses nouvelles cibles — et les plus dures à mettre dans sa poche — sont les cinéphiles. Désireuse de se détacher de cette image très teen, très Génération Z qui colle à sa peau, la plateforme attire donc de plus en plus d'auteurs, leur laissant carte beige – pour ne pas dire blanche –, sans, toutefois, garantie de succès. Blonde, sur lequel nous sommes déjà revenus, ne fait clairement pas l'unanimité, et Bardo, le prochain film d'Alejandro González Iñárritu, ne jouit pas de très bons retours. Reste que, dans ce raz-de-marée invisible pour certains, Do Revenge, dernière sortie en date embrassant pleinement la formule magique pour satisfaire les abonnés, flotte au dessus du lot et s’avère très plaisant à regarder.

Ce serait toutefois le desservir que de le résumer à une simple recette. En effet, Do Revenge sait à qui il parle, à qui il doit plaire, de sorte qu'il se permet, non sans assurance, de déconstruire et de jouer avec les codes du teen movie tels que nous les avons vus se propager ces dernières années. Jennifer Kaytin Robinson gonfle tous les traits de la "Gen-Z" et sert, passez l’expression, un "woke" à volonté. Dans la démarche de plaire à un « public-type », il va de soi que les têtes connues – issues de séries pour adolescents – sont de la partie : Camila Mendes de Riverdale, Maya Hawke de Stranger Things, Austin Abrams d'Euphoria... tout le monde y va de sa participation, remplissant tous très bien leurs rôles. Mendes et Hawke sont très bonnes dans ce qu'elles proposent, par leur sarcasme, leur faux-profil de reine du bal, et leur alchimie ne peut qu’entraîner le spectateur dans cette histoire assez folle. Kaytin Robinson pousse même l'inspiration jusqu’à Hitchcock, reprenant son fameux titre Strangers on a Train (L’inconnu du Nord-Express) dans le nom de code, Strangers, de celui des deux adolescentes.

Demeure ainsi une histoire d'échange de vengeances, que les scénaristes s'amusent à rendre un peu plus complexe et plus engageante pour le spectateur, à travers un empilement de couches rendant "l’enveloppe teen-movie coloré" bien plus intéressante qu'il n'y paraît. Conscient de ses dérives potentielles — une critique facile et peu intéressante du milieu dans lequel il prend place —, Do Revenge se pose en moment fun et acide qui, certes, échoue parfois dans son ton excessif (le sarcasme ambiant et les dialogues peuvent être énervants), mais tient son pari de simple comédie millenial efficace.

Un moment aussi plaisant qu’assez peu marquant donc, mais une promesse tenue pour une proposition originale de Netflix, phénomène trop rare pour être souligné, se payant même un luxe des plus réjouissants : revoir mère Sarah Michelle Gellar sur nos écrans. Que demander de plus ?


Pierre-Alexandre Barillier

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