Par Super Seven
Du 5 au 9 mars prochain se tient la douzième édition du Festival de la Cinémathèque. L’affaire n’est pas mince pour le cinéphile : au programme, seront projetés pas moins d’une centaine de films et ceci dans neuf cinémas franciliens*. Super Seven sera sur place pour couvrir l’événement, et proposera notamment différentes interviews vidéos avec les invités, à retrouver sur notre compte Instagram.
Au programme de cette douzième édition, trois invités sont mis à l’honneur.
Les deux premiers sont américains, tous deux « originaires de la côte Est » mais ayant « œuvré aux extrêmes opposés du spectre hollywoodien » comme le rappelle le court texte introductif du programme. D’un côté, John McTiernan, artisan du cinéma d’action, du mouvement et des faux-semblants. McTiernan présentera les six séances de cette rétrospective et des discussions avec lui auront lieu à l’issue des projections d’À la poursuite d’octobre rouge (1990) et Thomas Crown (1999). Susan Seidelman, de son côté, réalisatrice féministe, cartographe de la Big Apple musicale des années 1980, présentera également les quatre séances de la rétrospective qui lui est consacrée, dont deux seront suivies par une discussion.
Jamais deux sans trois : Pedro Costa, inestimable cinéaste portugais. L’occasion de (re)découvrir, en version restaurée, les trois premiers longs-métrages d’une filmographie précieuse, baignée dans le noir du temps : Le Sang (1989), Casa de Lava (1995) et Ossos (1997). Ici aussi les séances seront toutes présentées par le réalisateur et une discussion est prévue à l’issue d’Ossos, premier des films de Costa tourné à Fontainhas, quartier cap-verdien de la banlieue de Lisbonne, bidonville que Costa a vu être démoli et abandonné, ceci pendant une dizaine d’années.
Nous encourageons le lecteur à prendre connaissance de la trentaine de films programmés dans la catégorie « Restaurations et incunables » car, faute de pouvoir en traiter ici dans le détail, le rédacteur se permet d’en faire l’exposé selon son appréciation.
« Ford For Ever » écrivait Daney en novembre 1988. L’adage se doit d’être répété. C’est déjà la projection en 70mm du chef-d’œuvre La Prisonnière du Désert (1956) vendredi prochain en salle Henri Langlois. Mais plus encore, peut-être, c’est aussi la projection — la première française et même européenne — de La Tâche de Sang (1918). Nous apprenions en novembre dernier que ce film, perdu depuis 106 ans, avait été retrouvé au Chili. Nous savons que nous y retrouverons Harry Carey, premier des acteurs fordiens, ici en quête de rédemption pendant la Guerre de Sécession. Et pour doubler la mise, deux autres films de John Ford sont programmés : les magnifiques Trois sublimes Canailles (1925) et Vers sa Destinée (1939) — le second, accompagnant le documentaire Henry Fonda for President (2024).
Dans les restaurations figurent également Faust (1926), La Nuit (1961), et Le Vent (1928) — le visage de Lillian Gish, le plus beau au monde, viendra d’ailleurs clôturer le festival — soit Murnau, Antonioni, Sjöström comme jalons de l’édition. D’autres grands noms les côtoient : Lang, Fassbinder, Buñuel, sans oublier Saura et Bellocchio.
Et quitte à être indigeste, profitons de ces dernières lignes pour mentionner d’autres pans du programme : cinq films muets géorgiens quasiment tous projetés à la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé ; six films coréens restaurés par les Archives du film coréennes (KOFA) ; les débuts de l’Allemand Werner Schroeter ; deux films de Christian Lara, « père du cinéma guadeloupéen » ; deux polars de Jacques Bral ; huit films du cinéma flamand ; trois films de la réalisatrice néerlandaise Marleen Gorris. Et puis, il y a aussi la traditionnelle plongée dans les raretés des collections de la Cinémathèque.
Vous l’aurez constaté, l’affaire n’est pas mince du tout et ce panorama ne saurait être exhaustif. Il faudra donc se rendre au festival, en tout cas nous serons au rendez-vous.
*La Cinémathèque Française, la Filmothèque du Quartier Latin, le Christine Cinéma Club, Écoles Cinéma Club, la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, l’Archipel, le Centre Wallonie-Bruxelles, Le Vincennes, L’Alcazar.
Benjamin Bray
S7