Top 3 BO de rap US

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Par Super Seven

le 28/04/2021
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A la triste annonce de la mort de DMX, un constat malheureux s'opère. Ce n'est pas seulement un monument du rap US qui vient de nous quitter, mais également le fournisseur d'une excellente BO, à savoir X gonna give it to you, immortalisée par son apparition dans la bande son de En sursis (Cradle 2 the grave en VO) du réalisateur Andrzej Bartkowiak. Une musique réutilisée depuis dans la bande annonce et le film Deadpool de Tim Miller en 2016.
Ne serait-ce pas là une bonne occasion de rappeler que le rap US imprègne le cinéma d'Outre-Atlantique ? Ce n’est là qu’un juste retour des choses tant le hip-hop s’est rapidement lié au cinéma, et ce dès les années 80, en s'invitant sur de nombreuses bandes originales. Au choix Colors (1986), Deep Cover (1992), Street Fighter (1994) pour les Américains ou bien Ma 6-T va crack-er (1997), Taxi (1998), Comme un aimant (2000) voire Yamakasi (2001) au sein de notre cher Hexagone.
Une opportunité parfaite pour le rédacteur de ces lignes de vous offrir un top 3 des BO de rap US. Car, après tout, comme disait grand-mère : « Y a pas de petits profits ! »

DO THE RIGHT THING / FIGHT THE POWER PAR PUBLIC ENEMY

Film majeur de Spike Lee, Do The Right Thing narre une journée d'une chaleur si intense qu'elle réveille les tensions raciales déjà présentes au sein du quartier de Bedford-Stuyvesant.
Véritable réussite critique et publique pour son auteur-réalisateur, le film est accompagné par une bande son très représentative de la culture Noire, en allant de la Soul au reggae avec l'incursion I Can't Stand It de Steel Pulse. Le monument du film reste tout de même la chanson Fight the Power du groupe Public Enemy. Elle apparaît dès le générique de début dans une version réarrangée par le musicien Bill Lee, père du réalisateur, qui signe la bande originale du film. Le hit du duo revient ponctuellement dans le film à travers le personnage de Radio Raheem (interprété par Bill Nunn) et son iconique ghettoblaster, vestige d'une époque révolue. Des récurrences musicales jusqu'à l’événement tragique qui s'avère être le point névralgique du film et qui, lui, n'a rien d'une époque révolue.
La cohérence de la présence de cette chanson se trouve dans l’activisme partagé par le groupe et le cinéaste. Ils cherchent à réveiller une conscience collective face aux institutions qui engendrent un communautarisme destructeur qui monte les classes populaires les unes contre les autres. Spike Lee profite d'ailleurs du tournage du film pour réaliser le clip du hit de Public Enemy.
Cette combinaison se reforme en 1997 pour un résultat malheureusement moins puissant mais toujours aussi efficace à l'occasion du film He Got Game, centré sur le milieu du basket universitaire, et duquel Public Enemy signe à nouveau la B.O.

https://www.youtube.com/watch?v=Kj9SeMZE_Yw

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SOS FANTÔMES II / ON OUR OWN DE BOBBY BROWN

4 ans après s’être imposé comme un monument comique initié par les figures marquantes de la deuxième génération du Saturday Night Live, SOS Fantômes II sort enfin, accompagné d’une BO principalement orientée rap. Même le thème principal fait l’objet d'un remix plus ou moins heureux, interprété par Run D.M.C.. Dans cette ambiance très urbaine-années 80, on peut également retrouver Bobby Brown qui y propose son hit On our own. Ce tube a d’ailleurs fait l’objet d’un clip offrant une pléiade de caméos parmi lesquels Rick Moranis, Christopher Reeves, les frères du groupe punk The Ramones, Lori Singer et Doug E. Fresh, sans compter une apparition inattendue de Donald Trump.
L'ambition est ici de rester dans une ambiance adéquate pour la famille tout en collant à l'ère d'un temps. Or, le rap devient une musique populaire chez tous les publics aux USA avec en figure de proue Run D.M.C., les Beastie Boys et Vanilla Ice (auteur du fameux Go Ninja Go qui clôture la semi déception qu'est Les Tortues Ninja 2, sorti 2 ans plus tard).
Un mélange rap-cinéma que nous ne connaissons en France qu’une dizaine d'années plus tard, à l'époque de Taxi (1997) écrit par Luc Besson et réalisé par Gérard Pirès.
Malheureusement pourBobby Brown, le clip souffre de nombreuses tares des 80s: goûts vestimentaires douteux, incrustations et fonds colorés hasardeux sans compter une production musicale très typée tirant plus sur une sorte de pop/soupe que sur du rap. Un dernier point peu étonnant quand on sait que la production est due à Babyface, face cachée de grands tubes de Paula Abdul, Sheena Easton, Michael Jackson et bien d'autres chanceux. Toutefois, les déviants de la même espèce que le rédacteur de ces lignes, nostalgiques d’une époque où l’on bravait le ridicule sans peur du qu'en-dira-t-on, sont comblés.
Bonus pour les plus avertis: On ne manque pas de remarquer l'origine du Too hot to handle, too cold to hold d'Inspectah Deck, l’un des membres les plus performants du Wu-Tang Clan, annonçant ainsi son refrain sur la chanson R.E.C. Room au sein son premier album solo dans Uncontrolled Substance (1999). Merci, de rien, au revoir.

https://www.youtube.com/watch?v=DaIZvCDWAcQ

MALCOLM X / REVOLUTION PAR ARRESTED DEVELOPMENT

Retour de Spike Lee et pas des moindres puisqu'en plus d'un de ses plus grands films, le réalisateur propose ici à ses spectateurs le biopic de l'icone noire tout en évitant le piège récurrent de l'hagiographie. Une démarche qui aurait pu laisser pas mal de spectateurs sur le carreau, ceux-ci se demandant pourquoi mettre en scène les zones d'ombres de la figure populaire.
Dans ce film irradié par le charisme de Denzel Washington, Spike Lee met en scène le combat de Malcolm Little contre les discriminations raciales aux USA. Un combat que le militant ne peut accomplir qu'en apaisant en premier lieu ses conflits internes et individuels. Un ajout du film sans doute influencé par la découverte des écrits de Frantz Fanon par le réalisateur, faisant seulement la différence d’approche entre les deux artistes.
Ici, Spike Lee fait appel au groupe Arrested Development pour composer le générique de fin.
Actif depuis plus d'un an, le groupe est très vite associé aux membres de la Native Tongues (composée des groupes de rap A Tribe Called Quest, The Roots, De la Soul, Black Sheep...) par leur caractère afro centré et positif ; leurs production reposent souvent sur des musiques, rythmiques africaines.
Naît donc le titre Revolution, véritable hymne galvanisant qui fait écho aux grandes figures de l'émancipation dans la communauté Noire telles que Harriet Tubman, Kwamé N'Krumah etc.

https://www.youtube.com/watch?v=SDF8Evb_jQw

Si, après lecture de cet article, votre mauvais goût venait vous suggérer un top 3 des BO de rap français, établissons toute suite non pas un mais deux constats.
Tout d'abord, sachez qu'en dehors des exemples cités plus haut, il est hors de question de se fader les bandes sons de Comment c'est loin, Banlieue 13, Samouraï ou encore celle de En passant pécho. S’il fallait vraiment se fader tout cela, sachez que l'auteur de cet article renonce à toute activité rédactionnelle, par envie de voir de bons films.
A bon entendeur.


Félicien Hachebé


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